Près de Rouen, une mère engagée pour une société plus inclusive lance une ligne de vêtements fabriqués en France avec du coton bio et barrés de ces trois mots : « Ouais, et alors ? ».
Pour les parents dont les enfants ont un handicap, les regards insistants et les remarques désagréables sont quotidiens. Laetitia Henry y a été confrontée alors que sa fillette atteinte de trisomie 21 s’amusait au bord d’une piscine.
Une personne a longuement dévisagé Raphaëlle. Sans même faire attention à nous, ses parents. On s’est alors dit qu’on devrait écrire sur le visage de notre enfant : Ouais, et alors ?
Cette réplique si souvent ruminée est aujourd’hui le nom d’ une marque de vêtements inclusive créée pour éveiller les consciences sur le handicap et la différence. « Une manière pour moi de stopper les jugements avec le sourire », résume Laetitia Henry, également vice-présidente de l’association Trisomie 21 Seine-Maritime Rouen.
« Avec ce vêtement, on peut enfin dire ce qu’on a sur le cœur »
Depuis son lancement en décembre, la jeune marque fabriquée en France avec du coton bio a vendu 200 t-shirts. Parmi ses premiers clients, Guillaume Crevon qui, de par son histoire personnelle, a tout de suite adhéré au projet. « Ouais et alors ? c’est une phrase que j’ai tellement de fois eu envie de crier », souligne cet homme dont la fille souffre d’un trouble du spectre autistique.
Lui portera son t-shirt au travail et ne manquera pas d’expliquer aux curieux le message qui se cache derrière ces trois petits mots. « Quand vous êtes parent d’un enfant différent, vous n’avez pas l’habitude de vous plaindre, vous cherchez des solutions. Avec ce vêtement, on peut enfin dire ce qu’on a sur le cœur, aux passants, mais aussi aux proches. »
Les deux parents reconnaissent des évolutions positives dans la société mais il reste beaucoup de peur et de méconnaissance qu’il faut continuer de combattre. « Pour moi, la mode est un bon moyen de contribuer à changer les mentalités, analyse Laetitia Henry qui envisage la création d’autres vêtements comme des sweats et des accessoires. Pendant longtemps, on mettait en scène des personnes aux courbes parfaites. En mettant toutes les différences en avant, on participe à une acceptation de nos enfants ! »